Au moins 270 milliards d’euros de crédits immobiliers accordés au total, 1,2 million de transactions immobilières, explosion des résidences secondaires… Les taux historiquement bas ont fait de l’année 2021 une année record pour le marché de l’immobilier, qui est resté particulièrement dynamique sur l’ensemble du territoire. L’année 2022 atteindra-t-elle de tels sommets ? S’il est difficile de prédire l’avenir, les banques, elles, conservent les mêmes objectifs d’octroi de crédits immobiliers cette année. Et pour ce faire, la plupart maintiennent leurs taux particulièrement bas.
Selon les moyennes effectuées par le courtier Vousfinancer à partir des barèmes communiqués par les banques, les taux s’élèvent à 1% sur 15 ans, 1,15% sur 20 ans et 1,4% sur 25 ans en janvier 2022. Certaines banques ont même abaissé leurs taux en ce début d’année, notamment pour faire face à la concurrence. “Nous constatons que les banques qui ont baissé leur taux ce mois-ci sont plutôt celles qui les avaient légèrement remontées en fin d'année 2021. L’idée est de maintenir des taux bas pour commencer l’année en attirant de nouveaux clients”, explique Sandrine Allonier, directrice des études et porte-parole de Vousfinancer.
Et les taux de crédits immobiliers ne devraient pas remonter dans l’immédiat. Bien que les emprunteurs pourraient s’attendre à ce que l’inflation les pousse à la hausse, les taux demeurent stables, notamment grâce à la politique accommodante de la Banque centrale européenne (BCE). “S’il y avait une remontée en 2022, elle ne serait que d’un quart de point : on passerait de 1,15% à 1,40%, soit un niveau identique à celui de 2020”, relativise Sandrine Allonier. Cela reviendrait en effet à une augmentation de 22 euros par mois pour un crédit de 200.000 euros sur 20 ans. “On peut, sans être trop optimiste, envisager que le premier trimestre soit très bon : même si les taux venaient à augmenter un peu, on est tellement bas que cela ne casserait pas le marché”, confirme en ce sens Maël Bernier, directrice de la communication et porte-parole du courtier Meilleurtaux.
Les couples et les jeunes à l’honneur
Pour les emprunteurs ayant des dossiers solides, il est même encore possible d’emprunter à moins de 1% en janvier, et ce peu importe la durée d’endettement. Mais qu’est-ce qu’un “très bon dossier” ? “Il faut de préférence être en CDI et avoir terminé sa période d’essai, conseille Sandrine Allonier. Il n’est pas indispensable d’avoir de très hauts revenus, les banques s’intéressent surtout aux revenus évolutifs”. Pour mettre toutes les chances de leur côté, les emprunteurs ont également intérêt à avoir 10% d’apport, ou de l’épargne bien qu’elle ne soit pas investie directement dans le projet immobilier.
Les clients privilégiés des banques sont les couples, car si l’un des conjoints perd son emploi, l'autre peut assurer le remboursement. Les banques sont également intéressées par les profils de moins de 35 ans”, poursuit Sandrine Allonier. Certains établissements acceptent même de prêter sans apport aux jeunes, dans l’optique de mettre en place une relation pérenne avec leurs clients, qui pourront par la suite ouvrir des livrets d’épargne, un compte joint, un crédit de consommation ou encore des produits d’épargne pour leurs éventuels futurs enfants.
Un accès restreint au crédit pour certains emprunteurs en 2022
Une nouveauté pourrait pourtant bouleverser le marché du crédit immobilier cette année. Depuis le 1er janvier 2022, les banques doivent davantage réguler leurs octrois de crédits immobiliers sous peine de sanctions financières. Le Haut conseil de stabilité financière, qui avait recommandé aux banques en 2021 de limiter le taux d'endettement à 35% pour une durée maximale de 25 ans, a transformé cette recommandation en obligation pour réguler l’octroi de crédits. Une marge de flexibilité de 20% est accordée, mais 80% des crédits dépassant les conditions requises devront être accordés aux achats de résidences principales.
Certains profils d’emprunteurs devraient particulièrement souffrir de cette nouvelle réglementation. “Les primo-accédants, les emprunteurs les plus modestes ainsi que ceux qui n’ont pas d’épargne ou d’apport pourraient voir réduire leur chance d’obtenir un prêt”, indique Maël Bernier. Tout comme les investisseurs immobiliers, car sur les 20% de dossiers qui pourront échapper à la réglementation, seulement 1 sur 5 pourra être porté par un investisseur. “Les petits investisseurs locatifs, qui ont déjà généralement déjà un crédit sur leur résidence principale, vont avoir du mal à avoir un taux d’endettement inférieur à 35%”, anticipe la porte-parole de Meilleurtaux.